"Accepter une réalité en s'habituant à l'irréalité de ses images"
Voilà ce que propose le protophotographe colombien, Oscar Munoz, dont quarante ans de travail mêlant photographie, dessin, gravure, sont présentés au musée du Jeu de Paume jusqu'au 21 septembre.
Dès l'entrée, on est soufflé par l'étrange beauté de ces dalles en verre épais fissuré - qui se fissurent sous nos pas ? - qui recouvrent l'immense vue aérienne en noir et blanc d'une métropole. Le ton est donné : nous partons à la rencontre d'une oeuvre originale, novatrice, surprenante. Osacr Munoz s'interroge et nous interroge sur la fuite du temps, sur la disparition et la renaissance par l'acte créatif, lui-même disparaissant et renaissant, sans cesse renouvelé.
De grandes projections vidéo simultanées nous montrent la main de l'artiste en train de dessiner, à l'eau sur des dalles en plein soleil, des traits de visages qui, immanquablement, s'effacent et que, inlassablement, l'artiste retrace.
Oscar Munoz essaie tous les supports, tous les médiums - morceaux de sucre plus ou moins trempés dans du café, minutieuses brûlures de cigarette sur du papier... Etonnant, je vous dis ! Une expo pour méditer, en cette période de "fin" - d'été et de vacances par exemple ! - sur le flux permanent, de deuils en naissances, de la vie. Et sur le vide, l'absence, l'éphémère.